On est souvent habitué à regarder du côté des USA quand on parle de “kustom kulture” et des autres formes artistiques traitant des sujets qui nous rassemblent. S’il fallait prouver que les Européens peuvent être également forts dans le domaine, voici une preuve irréfutable !
On sait peu de choses: tu es hollandais, et on peut sans mal se rendre compte que tu as un sacré coup de crayon, tu peux nous en dire plus sur toi ?
Je suis né en 1969 dans une petite ville de Hollande à proximité des frontières belge et allemande, et j’y ai grandi. Comme beaucoup d’illustrateurs, je me souviens d’avoir toujours passé beaucoup de temps à dessiner, mais aussi d’avoir été un relativement bon élève. J’ai donc fait une Business School plutôt qu’une formation artistique. Lors d’un stage de marketing, je découvre que l’entreprise dans laquelle j’évolue intègre un studio de graphisme, et je finis par passer plus de temps dans ce studio que sur mon boulot de management pour lequel je suis là. S’ensuit un service militaire ennuyeux, mais qui me laissera beaucoup de temps pour dessiner, et j’enchaîne sur une série de différents boulots inintéressants.
Parallèlement, je dessine toujours plus, et commence à faire des monstres à la Ed Roth. Je regrette un peu à ce moment de n’avoir pas plutôt fait une école d’art. Je passe ensuite cinq années à faire de l’illustration technique dans une entreprise, cinq années qui me permettront de développer mon niveau d’infographie.
L’entreprise, en proie à des difficultés, finit par licencier beaucoup de monde (et par délocaliser les activités de dessin technique en Inde), dont moi. J’en profite donc pour changer de vie, et me lancer en free lance dans l’illustration et de graphisme. Finalement, je change de vie, et je fais enfin ce que j’ai toujours voulu faire !
Et question hot rods, kustoms, et voitures US, comment tombes-tu dedans ?
Je découvre tout ça durant mon adolescence, à une période où la Hollande est en pleine mode du van ! En amateur de peinture et dessin, je reste bluffé par les fresques à l’aérographe sur les vans. Je lis alors des magazines américains de vans, mini-trucks et de fil en aiguille j’en viens aux hot rods & customs, sans compter l’impact sur moi, comme sur beaucoup d’entre nous, du Ford 33 Eliminator de ZZ Top ! Au fil des ans, comme nous tous, je découvre petit à petit l’histoire du hot rodding, et mes goûts s’orientent plus vers les périodes 50’s et 60’s de cette histoire.
Qu’en est-il de la scne hollandaise ?
La scène americana et muscle car est importanta ici, mais jusqu’à présent la mouvance hot rod est restée assez confidentielle. Comme c’est le cas pour beaucoup de pays européens, le problème de législation freine ce développement. Mais à côté de ça, la mode internationale qui tend à se tourner vers le hot rodding traditionnel a ses adeptes ici aussi, et les formes artistiques parallèles se développent (pinstriping, illustrations, etc) et intègrent souvent maintenant les shows de plus en plus nombreux ici.
Revenons à tes talents, quelles sont tes influences ?
Au départ, dans les 80’s, en pleine période van, c’étaient Frank Frazetta et Boris Vallejo, pour des raisons évidentes, et plus tard viendra inévitablement Ed “Big Daddy” Roth. Je lis alors de nombreux magazines, avec un éventail artistigue large : comics, magazines d’art, skate, tatouage, et finis par m’abonner au célèbre Juxtapoz Magazine, qui pour moi synthétise beaucoup de ces éléments de culture populaire et underground américaine. Donc logiquement, je m’intéresse à de nombreux artistes, à côté des incontournables Roth ou Williams, comme Ed Newton, Rick Griffin, Stanley Mouse, Kenneth “Von Dutch” Howard, The Pizz et bien d’autres. Évidemment, je ne perds pas de vue le bouillonnement (kustom) culturel actuel, en suivant par example les Friday Art Shows du forum américain “Hamb”, qui permet également de faire connaître mon travail sur un plan international. Récemment, j’ai (re)découvert un artiste hollandais particulièrement intéressant, et qui m’influence beaucoup, Peter Pontiac.
Parle-nous un peu de ta technique...
J’ai commencé par de techniques traditionelles, telles que l’aérographe, l’huile ou l’acrylique, mais depuis quelques années maintenant, 95 % de mon travail se font en infographie, en utilisant Illustrator, Photoshop ou encore Painter (logiciel recréant virtuellement beaucoup d’outils et techniques traditionnels), et en travaillant avec une tablette graphique. Ce qui me chagrine un peu là-dedans, c’est que finalement, avec ces techniques, on s’éloigne de sensations réelles dans son travail, et celui-ci n’a pas vraiment d’existence physique, en fin de compte. Je m’efforce donc d’y amener un maximum de dessin manuel.
Pour finir, qu’est-ce qu’on retrouve dans ton garage, finalement ?
En plus d’un PT cruiser flammé, rabaissé et chaussé de flancs blancs, pour me déplacer avec ma petite famille, j’ai récemment acheté en Angleterre un Ford A 1930 coupé, en tôle, en partie déjà hot roddé, mais encore à l’état de projet non abouti. La carrosserie est d’origine, sur un châssis de repro et équipé d’un combo 350/th350. Il reste beaucoup de travail pour le rendre roulant et "street legal" sur les routes hollandaises. Mes priorités vont à la vie de famille et à mon travail d’illustration, je ne suis donc pas pressé de le terminer, mais je collecte tranquillement les pièces manquantes, en attendant de trouver le temps de le finir dans un style traditionnel sixties.
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